Brode moi CA !

La broderie était un art délicat, réservé aux élites du monde moderne, à une poignée d'élus choisis pour leurs talent innés en la matière. Enfin à priori. C'est ce qu'on disait souvent dans le milieu. Mion en faisait partie depuis trop peu de temps (20 ans) pour propager de telles rumeurs et surtout y croire. Non, tout ce qu'elle avait besoin c'était une aiguille, du tissu et roulait jeunesse.
Et évidemment, il fallait des clients.

C'était une matinée de marché à Ghor, la capitale du gothisme. Et si il y'avait bien une chose dont Mion était déjà sûre, c'est qu'elle se risquait à manquer de tissu noir avant la fin de la journée. Certes elle se faisait beaucoup d'argent, parce que les longs manteaux c'était assez fragile sur le bas, mais elle avait déjà eu un flot continu de clients et aucun moment de pause pour aller vite fait dire bonjour au monsieur tissu qui évidemment était de l'autre coté du marché, et elle ne voulait pas laisser sa chère carriolle seule, dans son coin.

Bref.

Magie, 11h sonnèrent et elle était seule. Aucun client. Rien. Que dalle. Des gens se battaient semblaient-ils et tout le monde était parti voir, parier de l'argent, bref le classique. Et elle en avait donc décidé qu'il était temps de boire du thé. Ce qu'elle fit. Deux fois plutôt qu'une. Jusqu'a ce qu'un client arriva !

"Hola, que voulez-vous ?"

Si c'était réparer un vêtement, elle n'avait plus de tissu noir. L'intrigue de fou du topic consisterait à aller en chercher °Ä°. Ou plus si affinités.

-HJ- Comme c'est gentil d'avoir fait le topic à Ghor -/HJ-

Cela faisait plusieurs heures que Yuyuko était arrivée dans la ville et elle n'avait toujours pas trouvé où pouvait bien se trouver le buffet. Elle avait déjà fait le tour des tavernes et avait même déclenché accidentellement une bagarre en volant l'assiette d'un client. La majeure partie de la ville s'était rassemblée pour y assister, mais hélas personne n'avait fait attention à elle, donc on n'avait pas pu répondre à sa question.

Elle volait donc, déprimée, à travers les rues sombres de Ghor lorsque soudain, elle sentit une odeur qui lui était familière : du thé. Elle se dirigea donc dans la direction d'où venait cette odeur, car qui disait thé disait gens.

Lorsqu'elle arriva à destination, elle vit une femme buvant une tasse de thé. Après une profonde analyse de la situation, Yuyuko en déduisit que c'était de là que venait l'odeur. Elle resta un moment sur place, à flotter devant la marchande, puis cette dernière se redresse et lui demande ce qu'elle voulait.

-Où... est... le... buffet...?

Le ton de Yuyuko lorsqu'elle avait faim et qu'elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait pouvait être passablement traumatisant. Une voix d'outre tombe résonnant et semblant venir de partout à la fois et qui, en plus, séparait chaque mot d'un souffle audible. Bref, en gros la voix d'un junkie mort-vivant.

Après avoir demandé ça, elle resta à flotter en attendant la réponse, ses petits fantômes voletant autour d'elle.

-HJ- si tu veux absolument que l'intrigue soit d'aller chercher du tissu, tu peux faire que tu vois un accroc dans les habits de Yuyuko, même si ils sont pas noirs...(et que c'est assez bizarre que les vêtements d'un fantôme puissent s'abimer)-/HJ-

Ho, ce n'était pas un client qui venait pour du tissu. Oh malheur unanime et partagé. C'était une jeune femme blondinette qui demandait un truc bizarre. Un buffet. De quel buffet parlait-elle ? D'un repas, habituellement organisé en soirée ? D'un meuble servant à stocker divers objets qui trouvent leur principale utilité majoritairement dans la cuisine (par exemple) ? Ou bien d'une dirigeante du parti communiste français dont personne n'avait jamais entendu parler dans ce monde, ce qui serait fort étrange ?

Bien, il fallait fournir une tentative de réponse.

"Hum. Le buffet."

"Dans... ton... cul..." aurait pu être une tentative de réponse. L'idée était même assez amusante. Mais bien trop vulgaire. Mion valait mieux que cela, elle avait une certaine forme de standing pourrait-on dire. Même si elle était qu'une brodeuse qui dormait dehors la nuit. Une nuit sur quatre. Mais c'était déjà assez pour dire qu'elle était pauvre. A priori.

"Un buffet a onze heures du matin, je crains bien que cela est impossible."

Mais il fallait être rassurant, surtout qu'elle portait des habits de COULEUR, chouette, si jamais elle devait être cliente, elle ne forcerait pas la failli quantitaire de tissu d'une couleur qui se démarquait par son absence de couleur.

"Néanmoins si vous avez un problème de vêtement, je vois que vous portez une robe assez... tissuifiée. Si je puis me permettre l'expression. Si vous avez le moindre souci avec votre garde robe, je suis présente ici toute la s..."

Mais de la bagarre qui avait lieu juste à coté arriva un triste événement: une bouteille, jetée de plein fouet, qui partit se planter droit sur le crâne de Yakumo, pour voler en éclats dans un "schlink" du plus bel effet.

Et ça c'était déjà plus dramatique. La bagarre commençait sévérement à monter puisque maintenant des types qui n'avaient rien à voir avec la bagarre de base s'étaient mis eux aussi à se battre. On avait du insulter les Fall Out Boy ou Nightwish car pour voir des gothiques androgynes s'empoigner ainsi, il fallait un événement spécial.

UN DRAME ETAIT PROCHE !

HJ-Elle est pas blonde et elle s'appelle Yuyuko, pas Yakumo... Yakumo, c'est Yukari (et d'ailleurs, elle est blonde, elle...). Mon âme de fanboy est blessée -/HJ

Yuyuko avait été tellement choquée par la réponse de Mion - Pas de buffet?!! - qu'elle n'eut pas le réflexe de se fantômiser à temps. Résultat, une bouteille venait de lui éclater sur la tête... Ces humains... Ils allaient voir.

Elle sortit rageusement son éventail d'une de ses manches et se retourna, prête à envoyer ces imbéciles ad patres, bien que le latin ne soie pas une langue courante à Gensokyo et que Yuyuko n'ait donc pas la moindre idée de ce que ça voulait dire. Ca sonnait juste classe... Elle s'apprêtait à précipiter les combattants dans un enfer de danmaku, mais elle se ravisa au dernier moment; massacrer une ville pour une simple bouteille était quand même un peu excessif. Au lieu de cela, elle se retourna vers la brodeuse et lui proposa de bouger ailleurs, bien qu'elle n'aie aucun lien avec elle et donc aucune raison de le faire. Elle la sentait juste comme ça.

Elle attendit donc la réponse alors que les bouteilles volaient de plus belle, venant de toutes les directions et allant également dans toutes les direction, mais cela n'affectait en rien Yuyuko, habituée à pire. Après tout, n'importe quel habitante de Gensokyo pouvait ne pas être mouillée en restant pendant des heures sous la pluie. Ca se voyait pendant leur combat, d'ailleurs.

-HJ- Merde j'ai cru que tu jouais Yakumo en fait et que c'était le même perso mais genre avec un surnom. Ok. Bon. Je sors -HJ-

La pluie de bouteilles s'était vite arrétée, sans doute par manque de munitions. Bien protégé par le toit en tissu de sa charette, Mion ne s'était pas plus inquiétée de tout cela. Plus pour sa cliente en fait. Une cliente blessée n'était pas une cliente prête à payer. Et c'était assez dommage.

Mion buvait donc son thé.
C'était un thé sympathique. Du thé quoi. A la menthe. De l'eau bouillie avec du gout de menthe quoi. Pas de quoi fouetter un chat donc. Mais c'était fort agréable.

La dispute continuait de manière forte audible a coté, un pauvre marchand de casseroles voyait son stand était entièrement démonté et les casseroles servir d'armes pour les bélligérants. D'un léger geste, Mion exposa encore plus son katana. Même énervés, ils comprendraient vite qu'on l'emmerde pas. Qu'ils soient 20 ou 30 de toute manière n'était pas une différence majeure. Bon si y'en avait plus de 60, là ça allait devenir plus chaud à gérer.

Mais la cliente donc. Faisant mine que rien ne se passait, Mion reprit un peu son discours commercial:

"Donc comme j'ai dit avant d'être interrompue, je suis présente ici jusqu'a vendredi. Donc si vous avez des vêtements à réparer, à optimiser, je suis à votre service, d'autant que vous me semblez avoir bon gout."

Hélàs elle n'était pas un tailleur de RPG et ne pourrait pas lui proposer des vêtements qui feraient +5 en MAG ou +10 en CHR, mais qu'importe. Elle espérait faire bonne impression en faisant preuve de sang froid. DE COURAGE.

Même si à coté, ca sentait la sueur et le maquillage.

-HJ- On en a pendu pour moins que ça, mais tu es pardonné -/HJ-

Apparemment, la marchande voulait absolument vendre quelque chose à Yuyuko. Des vêtements, plus précisément... Petit hic, en tant que fantôme, elle n'avait pas renouvelé sa garde robe depuis des siècles, étant donné que le temps et l'environnement ne les affectaient en rien, tout comme celle qui les portait.

Toutefois, la tisserande avait l'air si désespérée que la fantôme décida de faire un geste. C'est pourquoi elle commença, d'une voix hésitante.

"Ah... euh... Oui, de nouveaux vêtements, j'avais justement besoin de euh... vous voyez euh un... une... euh..."

Ne trouvant aucune idée pour continuer sa phrase, Yuyuko regarda frénétiquement autour d'elle pour trouver une idée...

"Voila! Je sais : une grande cape noire épaisse à capuche!"

Dans la tête de la fantôme, elle venait de faire une bonne action qui embellirait la journée de la marchande. En revanche, dans la réalité, il y avait pas mal de chance qu'elle l'ait poussée dans les profondeurs les plus sombres du désespoir.